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vendredi 13 février 2015

lundi 2 fevrier, chez Vanessa.






Ce jour là à Compiégne, il fait très beau. Séraphine, 5 mois, sur les genoux de sa maman nous montre ses plus jolis sourires, et Fred ne résiste pas à l'envie de lui donner son biberon. Catherine est là, attentive, et nous passons une après-midi chaleureuse, douce. Je fais un portrait de Séraphine, qui pose gentiment, mais je rate à chaque coups sa maman: elle est trop mignonne avec sa coupe courte, ses grands yeux papillonnants, je terminerai les deux le soir chez moi, de mémoire. Anne-Sophie entretient la conversation à flux tendu, elle a toujours un truc à raconter. Quand Vanessa et elle se retrouvaient, dans le train Valenciennes-Paris par exemple, on ne pouvait jamais en placer une : blagues, ragots, potins en tout genre, conversation débridée, on riait beaucoup trop, et beaucoup trop fort.



J'ai fait la connaissance de Vanessa un matin au petit déjeuner, à l'hôtel de Valenciennes où descendent les profs de Sup . Elle était tres embêtée parce qu'elle venait de tacher l'unique pull qu'elle avait emporté, et en plus me disait-elle, comme j'ai un gros ventre, c'est vraiment la loose. Moi je ne trouvais pas, alors elle se mettait debout de profil et tapotait, bon, une mini boule, peut-être..."Je suis enceinte de 1 mois, 1 mois! et ça se voit déjà, non mais tu te rends compte?!! Mais chut, je ne veux pas le dire, c'est trop tôt 1 mois!!"
Voilà, on venait de se parler pour la première fois, et déjà, j'étais dans le secret... Alors je l'aidais avec sa valise, je ralentissais quand elle était essoufflée même si le tramway allait partir, et je m'inquiétais quand elle me racontait les gros travaux pas finis de sa maison, le plâtre, la ponceuse ou je ne sais plus quoi, mais des trucs sportifs, des vrais trucs de mec!
Je la croisais à l'école quand nos emplois du temps le permettaient, et se vérifiait le grossissement du petit ventre qui devenait un vrai ballon. Vanessa, toujours super élégante, avait décidé de travailler le plus longtemps possible et de garder son congé mat pour après : avec la petite. (On a très vite su que c'était "la petite", je ne sais pas par quel miracle de l'échographie à un stade aussi précoce.) Elle faisait partie de ces filles qui n'ont jamais acheté la moindre fringue de grossesse, à part peut-être un jean taille basse, car même enceintes de 8 mois, elles restent sveltes, à part le bidon qu'on arrive toujours à enfouir sous la blouse Isabel Marant.
On parlait des élèves, elle était toujours affectueuse, généreuse, rigolote. Et puis elle avait décidé de changer de métier, de devenir scénariste. Je la voyais remuer ciel et terre, elle était en marche, rien ne l'arrêterait. Moi qui suis réservée, doutant toujours de moi, elle me faisait la morale: " T'as bien vu dans tous les trucs qui sortent, y en a vraiment des pas terribles non? Alors t'as peur de quoi? " Et soudain ça me semblait tellement simple, son positivisme était communicatif. Il y a peu de temps, je lui avais montré un projet de série sur la danse pour lequel elle m'avait proposé qu'on travaille ensemble. Déjà elle était malade, déjà c'était difficile de la comprendre, mais j'avais deviné ces mots, incroyables: "On va tout déchirer "
Et puis il y a eu Annecy, je me suis laissée tenter par Anne-Sophie et Vanessa qui étaient sur les chapeaux de roue pour trouver le train, le logement, et puis les séances desquelles il faut guetter la mise en ligne pour s'inscrire. Vanessa connaissait la ville par coeur, les gens du métier par leur petit nom, leur background en détail et elle avait déjà toutes les entrées pour les meilleures séances, les meilleurs repas des meilleurs organismes de l'animation. J'étais complètement larguée. Nous on l'attirait chez Monop, on voulait lui trouver un joli tee-shirt, ou au moins des nu-pieds pour affronter la chaleur de bête alors qu'elle était encore toute habillée en parisienne, avec chaussures fermées et un sweat noir sur son gros ventre. Mais non, ça ne lui plaisait pas les tee-shirt Monop et les tongs, elle gardait son joli sourire et son pull pour aller balader son bidon sur les pavés de la vieille ville, et taper la discute en plein cagnard sans jamais perdre son enthousiasme des qu'elle reconnaissait quelqu'un dans la rue, ce qui arrivait tous les 2 mètres. Crevante.
Le dernier jour, celui des meetings importants, elle arbore la robe blanche Claudie Pierlot, coupe princesse, dont elle est si fière : de l'avoir eue pour presque rien, et de rentrer dedans à plus de 6 mois de grossesse; elle pourra la remettre après, dit elle joyeusement en caressant son ventre sous le tissus gaufré.
Ce soir là, c'était un soir de coupe du monde de foot, je crois que c'était Angleterre/Italie, tous les gars regardaient vers les écrans géants. On a dîné toutes les trois, et elle nous a parlé de son amoureux, et là c'était pas du pipeau. On écoutait le conte de fée qui se racontait, charmées: la rencontre, l'histoire d'amour, jolie comme tout, les difficultés aussi, et puis le rêve: le bébé qui se pointait. On était prêtes à la ramener, il était tard, c'était l'heure où les princesses en robe blanche vont dormir. On a dû traverser une foule de gens rassemblés, c'était la fin du match, la fin du festival, et aussi "the place to be", alors on a perdu Vanessa. C'était pas la première fois qu'on perdait Vanessa, ça arrivait même tout le temps, mais là on l'a perdue pendant très longtemps, et même quand on l'a retrouvée, on a eu beaucoup de mal à l'emmener avec nous. Sans avoir bu une goutte d'alcool, elle était presque saoule, elle parlait, elle rigolait, on a dû l'arracher aux gens et marcher auprès d'elle, chacune d'un coté, au cas où on croiserait encore quelqu'un qu'elle connait! Et ça ne loupait pas: "Hé Vanessa!!! Qu'est ce tu deviens?!" on l'entraînait de force mais elle montrait son ventre avec un énorme sourire : "On s'appelle!!!". "Mais t'es pas fatiguée???"On lui répétait.

à suivre...